Quelques protestants de Walincourt


(article tiré du journal " Le Nord protestant " de mai 1973)

De la brochure de M. le Pasteur J. PANNIER, intitulée : " LES PROTESTANTS DE WALINCOURT ", nous avons extrait les déclarations suivantes du Pasteur Jean-Baptiste ROUSSIEZ, Ancien de Walincourt en l'an XV (1806-1807) que nous avons complétées à l'aide des informations que nous avons pu recueillir dans d'autres ouvrages consacrés au Protestantisme ainsi que dans nos archives familiales.

Jean-Baptiste ROUSSIEZ (peut-être de la même famille qu'Hippolyte ROUSSIEZ qui mourut sur le bûcher, à Turin, à la fin du XV° siècle, la doctrine apostolique ayant été répandue en Cambrésis par des habitants des vallées du Piémont et d'Angrogne) déclare tenir beaucoup de ses renseignements de Rosalie BRUNET, dont la famille était déjà connue avec Daniel et Anne BRUNET qui figurent au nombre des réfugiés protestants venus de la Thiérache et du Cambrésis qui fondèrent, en 1687, la petite colonie de Friedrischsdorf, près de Francfort.

Marie-Rosalie BRUNET naquit vers 1781. Elle était fille d'Etienne-François BRUNET, garde du bois de Walincourt, et de Marie-Philippe LEVERD mariés par le Pasteur de l'église wallonne de Tournai, le 5 novembre 1774.

Elle était communément appelée : " Rosalie FRANCE ", du prénom de son oncle François LEVERD (oncle de Jean-Baptiste ROUSSIEZ), marié en l'église wallonne de Tournai, le 13 mars 1777, avec Anne PROY, chez lequel elle avait été élevée.

Elle était la petite-fille de Jean-Baptiste LEVERD, née en 1718, député de l'église réformée de Walincourt et assistant pour le Cambrésis au Synode provincial tenu à Bohain (ou Lemé ?) dans la clandestinité, le 26 novembre 1779, élu maire de Walincourt, en 1792, qui fut avec Toussaint PROY l'un des dirigeants et protecteurs du groupe de protestants de Walincourt et environs.

Il intervenait auprès des autorités et devait, sans doute, son influence à sa parenté avec Etienne LEVERD qui fut mayeur de Walincourt, en 1757.

Dès 1770, ou 1772, des Assemblées eurent lieu à Walincourt chez Guillaume CATTELAIN (marié en l'église wallonne de Tournai, le 10 octobre 1762, avec Catherine-Louise LAMENDIN, de Walincourt). Elles n'eurent à subir aucune persécution grave pendant les dernières années du règne de Louis XV après une démarche faite à Paris par Jean-Philippe LEVERD bien que l'arrêt de 1724, toujours en vigueur, défendit d'assister aux Assemblées sous peine des galères perpétuelles pour les hommes et de réclusion à perpétuité dans les couvents, pour les femmes, avec confiscation de tous leurs biens.

Cependant, le 25 novembre 1771, Jean-Baptiste CATTELAIN, fabricant de linon à Walincourt, qui avait épousé en l'église wallonne de Tournai, le 21 mai 1763, Marguerite POTELLE, de Villers-Outreaux, est arrêté et conduit en prison à Landrecies où il était encore le 14 février 1772.

Quant à Marie-Rosalie BRUNET, elle épousa à Walincourt, le 24 pluviôse an XIII (13 février 1805), Pierre-Joseph DROUBAY, né à Walincourt. le 17 juin 1780, fusilier-chasseur de la Garde lmpériale, porté disparu en Russie, le 11 décembre 1812, fils de Pierre-Antoine DROUBAY et de Marie-Jeanne BEGUIN; petit-fils de Guislain de ROUBAIX (1705-1780) qui avait hérité de sa mère : Magdeleine LAMOURET, un fief lige sis à Déhéries, tenu de l'abbaye de Saint-Aubert de Cambrai.

De cette union naquirent : Pierre-Appolinaire DROUBAY, auteur d'une lignée importante de membres de l'Eglise de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, établie dans l'état de l'Utah, ainsi que d'un rameau fixé en Savoie ; et Henri DROUBAY, dit " HENRI FRANCE " du surnom de sa mère, né à Walincourt, le 4 décembre 1808, y décédé le 16 septembre 1887, adjoint au maire et administrateur du Bureau de Bienfaisance le 26 mars 1848, marié à Walincourt, le 30 juin 1828, à Marie-Joseph CATTELAIN, née le 3 janvier 1808, fille de Jacques CATTELAIN, fabricant puis rentier et de Marie-Joseph DRANCOURT, dont est issue une nombreuse postérité représentée par plusieurs Pasteurs et Missionnaires.

Son beau-père : Jacques CATTELAIN, naquit à Walincourt, le 1er avril 1772, et était le fils de ce Jean-Baptiste CATTELAIN, déjà cité, arrêté pour cause de religion, en 1771, et le neveu de Melchior CATTELAIN, de Walincourt, marié en l'église wallonne de Tournai, le 3 août 1760, avec Marie-Madeleine TAISNE, d'Elincourt, décédée à Walincourt, le 12 fructidor an V (28 août 1797) âgée de 63 ans ; probablement parent de Georges CATTELAIN, de Walincourt, marié également en l'église wallonne de Tournai, le 12 juin 1756, avec Anne MARCHANDISE, veuve de François MANIEZ, de Templeux-le-Guérard.

Sa belle-mère : Marie-Joseph DRANCOURT, naquit à Walincourt, le 10 août 1779, où elle décéda le 7 septembre 1857. Elle était fille d'Etienne DRANCOURT (olim : de RANCOURT : jugement rectificatif d'état civil rendu par le Tribunal Civil de Saint-Quentin, le 18 août 1935) député de l'église réformée d'Hargicourt et assis tant pour la Picardie au Synode de 1779, qui réunissait les provinces de Thiérache, Picardie, Cambrésis, Orléannais et Berry.

Seule la communauté de Walincourt eut droit à deux députés qui furent Jean-Philippe LEVERD et Toussaint PROY, déjà nommés ; quant au lieu de ce Synode, certains auteurs estiment qu'il s'agit non de Bohain, mais de la rue de Bohain, à Lemé.

On relève aussi le nom DROUBAY, ou De ROUBAIX (ROBAY), à Phalsbourg, aux XVI° et XVII° siècles ; sans doute s’agit-il d’une famille huguenote du Cambrésis, fixée à Phalsbourg, après 1570, date de la fondation de cette ville pour les réfugiés protestants de tous pays.

Après le Concordat, l’ " Oratoire " de Walincourt fut rattaché au Consistoire de Monneaux, près de Château-Thierry, et l'Ancien qui, en 1809, y représentait l'église réformée de Walincourt, appartenait à cette famille CATTELAIN qui a donné tant de preuves de son dévouement à la Cause de la Religion Réformée.

Jean TAISNE de La BRUYERE.

Sources :

  • Arch. du Nord, 36 H 171, pièce 3136 ;
  • P. BEUZART, Le Protestantisme en Thiérache, 1931;
  • BLIN, Notice Historique sur Walincourt (Sté d'Emulation de Cambrai) ;
  • DOUEN, Essai historique sur les églises réformées de l'Aisne, Paris, 1860;
  • MONASTIER, Histoire de l'église Vaudoise;
  • PANN.IER, Les Protestants de Walincourt, 1893 ;
  • WElSS, Histoire des réfugiés protestants ;
  • Registres des Eglises wallonnes de la Barrière, Le Cateau, 1894;
  • Etat Civil de Walincourt, 1716-1789;
  • Registres des délibérations du Conseil Municipal de Walincourt.

(Document fourni par Melle Jacqueline Taisne de Walincourt, une contribution de Marc Maillot)